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Biographie du Professeur Khalil Alio

Dernière mise à jour : 6 juil. 2023

Auteur: Dr Djimet Seli

Cadet d’une famille de 12 enfants, fils de Alio et de Anizela, Khalil naquit le 15 octobre 1951 à Fort-Lamy. Son père est un ancien combattant de l’Armée française et rescapé de la Seconde Guerre mondiale avant de se reconvertir en membre de la Garde Nationale du Tchad, basé à Adré.

Khalil fréquenta l’école primaire puis entra en 1966 au Lycée National Franco-arabe d’Abéché. Au Lycée, Khalil s’est intéressé très tôt aux langues, particulièrement à l’anglais qu’il maitrisait déjà à partir du secondaire. Un jour, un touriste Australien ne parlant pas un mot de français, est arrivé à Abéché et c’était déjà lui que le Lycée a choisi pour lui servir de traducteur quand il était encore en classe de seconde. En 1973, Khalil obtint son Bac série A4 et entra à l’Université du Tchad dans le Département d’anglais.

De 1975 à 1976, il effectue un séjour linguistique au Colchester English Study Center (CESC), une branche de l’Université d’Oxford (Angleterre) qui accueillait des ressortissants de plusieurs pays, y compris des pays d’Afrique francophone.

Il obtint une licence en 1977 et intégra la Fonction publique en qualité de professeur licencié et affecté au lycée féminin aujourd’hui lycée de la Liberté et plus tard au Collège Sacré-Cœur à N’Djamena.

En 1978, il s’inscrit en Maitrise en Linguistique Générale. Il sort major de sa promotion et de ce fait bénéficie d’une bourse d’étude octroyée par l’organisme Américain USAID pour le DEA en Linguistique Africaine à l’Université d’Ibadan au Nigeria. En juin 1979, il obtient son diplôme et rentre au Tchad. De la fin de l’année 1979 à mars 1980, Khalil intègre l’université du Tchad comme assistant à l’Université du Tchad et nommé chef du Département d’anglais.

Pendant la guerre civile de 79, Khalil se réfugie au Nigeria où il trouve un poste d’Assistant à l’Université de Maiduguri

De 1982 à 1987, Khalil a vécu en Allemagne pour y faire son doctorat en Linguistique à l’Université de Marbourg. L’ayant obtenu en 1987, il regagna le Nigeria, car ne pouvant plus retourner au Tchad à cause des persécutions dont sa communauté, les Hadjaray faisaient l’objet par Hissène Habré

Au Nigeria où il vivait et enseignait à l’Université de Maiduguri, le choix s’est porté sur sa personne pour diriger le Bureau extérieur du Mouvement pour le Salut National du Tchad (MOSANAT) mouvement rebelle créé par les Hadjeray contre Hisseine Habré. Ce qui lui a valu d’être l’objet de menaces permanentes de la part du Directeur de la DDS (Direction de la Documentation et de la Sécurité) et du Commissaire Central de la ville de N’Djamena.

Après la chute d’Hissène Habré, Khalil rentre enfin au Tchad et occupa successivement les postes de Secrétaire General de la Commission Nationale Tchadienne pour l’Unesco, de Vice-recteur de l’Université de N’Djamena et enfin de Recteur.

En 2013, alors qu’il était Doyen de la Faculté des Langues, Lettres, Arts et Communication (FLLAC) de l’Université de N’Djamena, il a été accusé de tentative de coup d’Etat puis mis aux arrêts. Il sera quelques mois plus tard innocenté et libéré par le tribunal.

Devenu Secrétaire scientifique de l’Ecole doctorale Lettres, Sciences Humaines et Sociales, il pilota de nombreux travaux scientifiques et accompagna des Étudiants en soutenances de thèse.

Malgré la fenêtre politique qui s’est ouverte à lui, Khalil Alio a plutôt opté pour une carrière d’enseignant-chercheur au détriment de la politique et a atteint brillamment son objectif, celui de la mener jusqu’au plus haut niveau de grade de Professeur Titulaire dans le système du CAMES.

Polyglotte et maniant à perfection le français, l’anglais, l’allemand, l’arabe littéraire ainsi que quelques langues africaines (arabe dialectal tchadien, haoussa, swahili, fulfulde), Khalil Alio a été aussi membre de nombreuses organisations nationales et internationales.

De 1980 - 1992 il a été Co-responsable de l’Equipe des langues tchadiennes

De 1980 - 2006 il a été représentant du Tchad pour le Centre Régionale de Recherche et de Documentation des Traditions Orales et des Langues Africaines (CERDOTOLA), à Yaoundé, au Cameroun ;

Et depuis 1987, il est Chercheur associé au Laboratoire des Langues et Civilisations à Tradition Orale (LACITO-CNRS), Paris ;

Chercheur associé à l’Institut des Sciences des Langues Africaines de l’Université Johann Wolfgang Goethe de Francfort, Allemagne ;

Chercheur du Réseau Méga-Tchad : Paris – Bayreuth;

Chercheur du Laboratoire Chadic Word Catalog Marburg (Allemagne) ;

Membre de l’Association Connaissance du Tchad, N’Djamena (Tchad) ;

Membre du Conseil d’Administration du Bureau Tchadien du Droit d’Auteur(BUTDRA), N’Djaména, Tchad ;

Secrétaire Général de l’Association pour le Développement du Canton Bidiyo (ADECAB), (Guéra, Tchad);

Secrétaire Général puis président d’honneur du Centre de Recherche en Anthropologie et Sciences Humaines (CRASH).

Le CRASH justement, il en est le seul Tchadien des 5 membres fondateurs qu’ils étaient. En effet, le pluriliguisme du professeur Khalil et son caractère humble a fait de lui un point d’attraction de beaucoup de chercheurs occidentaux qui s’intéressent aux thèmes de recherche sur le Tchad. De ses rencontres avec les collègues occidentaux est née l’idée de créer un centre de recherche indépendant pouvant accueillir et garantir l’indépendance des chercheurs dans leurs travaux. C’est ainsi sous l’influence des 4 autres collègues néerlandais, allemand et américain tous anthropologues, il fut créé le CRASH, entendez Centre de Recherches en Anthropologie et Sciences Humaines en 2005 et reconnu officiellement en 2007, dont Khalil en devient aussitôt le Secrétaire Général. Très vite, la même année, le CRASH trouve les moyens d’entreprendre une formation des jeunes chercheurs Tchadiens en doctorat dont les premiers bénéficiaires de la bourses furent Dionra Laguerre, pour les Pays-Bas, Hoinathy Remadji pour l’Allemagne et Djimet Seli pour les Pays Bas, puis d’autres pour d’autres horizons.

Dans la foulée de ses objectifs, le CRASH a collaboré avec l’Université de N’Djamena dans la création du Département d’anthropologie dont le Professeur Khalil est resté le solide parrain jusqu’à sa disparition. Le CRASH, vu de loin ne ressemble qu’à un Centre de recherche en anthropologie, mais en vérité, il est un centre pluridisciplinaire. C’est pourquoi depuis quelques années, il accueille Florian Lionnet qui est un linguiste et qui fait ses recherches sur les langues en danger au Sud du Tchad.

Le professeur Khalil Alio, l’homme qui a dédié sa vie à l’enseignement, s’est éteint le 30 octobre 2022. Il a connu un itinéraire très sinué au gré de l’évolution chaotique du Tchad.

Quelques travaux scientifiques du Pr Khalil Alio

  • Alio, Khalil. 1986. Essai de description de la langue bidiya du Guéra (Tchad). Phonologie – Grammaire. (Marburger Studien zur Afrika- und Asienkunde, Serie A, Afrika, 45) Berlin: Dietrich Reimer.

  • Alio, Khalil. 1987a. Extensions figées et productives en bidiya. In Études tchadiques: classes et extensions verbales, ed. by Herrmann Jungraithmayr and Henry Tourneux, pp. 43-47. Paris: Geuthner.

  • Alio, Khalil. 1987b. Les classes verbales en bidiya. In Études tchadiques: classes et extensions verbales, ed. by Herrmann Jungraithmayr and Henry Tourneux, pp. 11-15. Paris: Geuthner

  • Alio, Khalil. 1988a. Emprunts et intégration en bidiya. In Le milieu et les hommes: recherches comparative et historiques dans le bassin du lac Tchad. Actes du 2ème colloque Méga12 Tchad, ed. by Daniel Barreteau and Henry Tourneux, pp. 265-73. Paris: ORSTOM.

  • Alio, Khalil. 1988b. La conjugaison du bidiya (langue tchadique du Guéra, Tchad) et l’intégration des emprunts verbaux au français et à l’arabe. Cahiers du LACITO 3: 81-93.

  • Alio, Khalil. 1988c. Transitivité et conjugaison à suffixes en bidiya. In Études tchadiques: transitivité et diathèse, ed. by Herrmann Jungraithmayr and Henry Tourneux, pp. 21-31. Paris: Geuthner.

  • Alio, Khalil. 1998. Multilinguisme et cultures du Tchad. Travaux de linguistique tchadienne 2: 35-43.

  • Alio, Khalil. 2004. Préliminaires à une étude da la langue Kajakse d’Am-Dam, de Toram du Salamat, d’Ubi du Guéra et de Masmaje du Batha-Est (Tchad). In Egyptian and Semito-Hamitic (Afro-Asiatic) Studies: In Memoriam W. Vycichl, ed. by Gábor Takács, pp. 229-85. Leiden: Brill.

  • Alio, Khalil. 2008. Contacts de langues et contacts de cultures dans les régions de l’Abou-Telfane et du Bahr Signakha (Guéra, Tchad). In Semito-Hamitic Festschrift for A. B.Dolgopolsky and H. Jungraithmayr, ed. by Gábor Takács, pp. 1-18. Berlin: Dietrich Reimer.

  • Alio, Khalil. 2009. Remarques comparatives sur le consonantisme entre le bidiya et le dangaléat. Lingua Posnaniensis 51: 7-18.

  • Alio, Khalil, and Herrmann Jungraithmayr. 1989. Lexique bidiya. Une langue centre-africaine (République du Tchad) avec une introduction grammaticale. (Frankfurter wissenschaftliche Beiträge / Kulturwissenschaftliche Reihe, 16) Frankfurt: Vittorio Klostermann



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